Recrutement non inclusif au Québec : ses impacts

Recrutement non inclusif au Québec. Deux personnes issues de l'immigration, assises face à face lors d'une entrevue d'embauche.

Le recrutement non inclusif au Québec a des impacts sur les travailleurs immigrants et sur l’économie de la province. C’est ce que nous allons évoquer dans cet article.

Par Michele Silva, département marketing d’Exportech Québec – le 22 avril 2024

La recherche de talents est une préoccupation constante, affectant des secteurs clés tels que la technologie, la santé et la fabrication, et par conséquent, la croissance économique. Des études de 2023 de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) révèlent que la pénurie de main-d’œuvre affecte environ 85% des petites et moyennes entreprises (PME).

Malgré la présence de travailleurs étrangers qualifiés, le problème persiste. Le rapport « Immigration et marché du travail québécois: cinq défis clés », publié par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), souligne que de nombreuses entreprises locales rencontrent une barrière significative en raison d’un recrutement non inclusif.

 

Défis persistants aux immigrants

Les défis persistants sur le marché du travail des immigrants au Québec sont évidents. Les données du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) montrent que les immigrants sont plus susceptibles de faire face au chômage ou à des emplois mal rémunérés par rapport aux natifs. De plus, le processus de recrutement néglige souvent les travailleurs immigrants, même s’ils représentent 20% de la population, selon les informations du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec.

Des problèmes tels que le manque de reconnaissance des qualifications éducatives et professionnelles obtenues à l’étranger. Le manque de compétence en langue française amène également les employeurs à hésiter à embaucher des candidats étrangers, craignant des problèmes de communication et d’intégration sur le lieu de travail.

Pour illustrer cette situation, les données de l’Institut de recherche économique et régionale du Québec (IRÉQ) montrent que seuls 25% des travailleurs immigrants ont réussi à trouver un emploi dans leur domaine de formation, contre 52% des travailleurs nés dans la province. Une enquête de l’ISQ révèle que, sur les 49 000 nouveaux chômeurs enregistrés au Québec l’année dernière, 27 000 étaient des immigrants permanents et 13 000 étaient des immigrants temporaires, mettant en évidence la difficulté persistante des employeurs à valoriser l’expérience et les qualifications des immigrants.

 

Impacts sociaux et économiques

Le genre joue un rôle crucial. L’exclusion touche plus particulièrement les femmes immigrantes sur le marché du travail. Selon les informations du CIRANO, tant au Québec qu’à travers le Canada, les femmes immigrantes ont un taux de participation au marché du travail inférieur à celui des non-immigrantes et également inférieur à celui des hommes immigrés.

Par exemple, au Québec, l’écart moyen entre les taux d’activité des hommes et des femmes est de 2,25 points de pourcentage chez les natifs, tandis qu’il atteint 12,18 points de pourcentage chez les immigrants de la même province. Un autre aspect pertinent est que les immigrants qualifiés, indépendamment du genre, se retrouvent souvent sous-employés, occupant des postes qui ne correspondent pas à leurs compétences. Cela entraîne un gaspillage de talents. Cela contribue à une économie moins efficace, comme l’indiquent l’Institut de recherche économique et régionale du Québec (IRÉQ) et l’enquête de l’ISQ.

Le recrutement non inclusif ne marginalise pas seulement les groupes minoritaires, sapant les valeurs d’égalité et de diversité du Québec. Il entraîne également une allocation inefficace des ressources humaines. Cette pratique empêche tous les travailleurs, y compris les qualifiés, de contribuer pleinement à une économie en forte demande.

 

Stratégies pour l’inclusion sur le marché du travail du Québec

Pour progresser vers un avenir plus inclusif et équitable, le Québec doit intensifier ses efforts pour promouvoir la diversité et valoriser les contributions des immigrants sur son marché du travail. Des initiatives louables ont été mises en place, telles que le Programme de reconnaissance des titres de compétences étrangers Mais, il reste encore beaucoup à faire pour garantir une politique de recrutement véritablement juste et équitable.

Il est essentiel que le gouvernement, les entreprises et la société civile s’unissent dans une approche holistique et collaborative. Cela signifie non seulement promouvoir des politiques inclusives à tous les niveaux, mais aussi sensibiliser les employeurs au recrutement organisationnel inclusif et mettre en œuvre des programmes de reconnaissance des compétences des immigrants moins bureaucratiques.

Le Québec se place bien pour surmonter les défis actuels, grâce à une collaboration dynamique et dévouée. La province peut créer un environnement où l’on célèbre la diversité et où tous ont accès aux opportunités, indépendamment de leur origine ou identité. C’est le chemin à suivre non seulement pour surmonter les crises telles que la pénurie de main-d’œuvre, mais aussi pour cultiver un avenir dynamique et inclusif, où chaque individu contribue de manière unique à l’épanouissement du tissu social et économique de la province.

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